Législatives 2019 : Talon favorable à une session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour statuer sur le cas des partis de l’opposition recalés
« Je ne suis pas à l’aise et j’ai estimé qu’il convient d’inviter les responsables des partis politiques », indique Patrice Talon.
(Bénin Révélé Mag) – La Commission électorale nationale autonome (Céna) a publié ce 05 mars 2019, la liste définitive des partis autorisés à prendre part aux législatives du 28 avril 2019. Chose curieuse : aucun parti de l’opposition n’est retenu. Seuls les deux partis de la mouvance présidentielle sont autorisés à prendre part aux prochaines élections législatives. Il s’agit de l’Union progressiste (UP) et du Bloc républicain (BR). Une situation qui préoccupe le président Patrice Talon qui a convoqué dès le lendemain, 06 mars 2019, les dix partis politiques de l’opposition et de la mouvance présidentielle pour trouver une issue. « Le constat est malheureux et nous interpelle », commente Patrice Talon. « Je ne suis pas à l’aise et j’ai estimé qu’il convient d’inviter les responsables des partis politiques », souligne-t-il.
Lors de cette rencontre, le président a indiqué aux députés et aux acteurs de l’opposition présents qu’il reste ouvert aux solutions que peut prendre l’Assemblée nationale. «Je veux espérer qu’à partir de cet instant, vous allez être en mesure de nous faire des suggestions pour prendre des décisions, parce que vous en avez les prérogatives…, s’il faut que l’Assemblée nationale aille en session dès lundi ou ce week-end pour proposer des mesures nous permettant d’atteindre les objectifs tout en respectant les lois actuelles ou les lois de demain, ce serait salutaire pour nous tous et nous allons en partager le mérite », a déclaré le chef de l’Etat lors de cette rencontre.
Pour lui, c’est la seule solution réglementaire pour trouver une issue à cette situation. « Je n’ai pas le pouvoir de suspendre le processus électoral. Si j’avais ces prérogatives, je le ferais… Ni l’Exécutif, ni le Parlement, personne dans notre disposition constitutionnelle ne peut suspendre un processus électoral si la Cour constitutionnelle ne constate pas des irrégularités sur lesquelles elle statue et prescrit quelque chose de formel en tant qu’arbitre du contentieux », explique Patrice Talon.
Le président de la République a d’abord détaillé ce que prévoient les lois en vigueur en relevant quelques imperfections : « L’Assemblée nationale a voté des lois et n’a pas veillé à harmoniser les dates d’effet de certaines dispositions. Ce n’est pas la faute de la Commission électorale nationale autonome (Cena) », observe Patrice Talon. Pour lui, la date du 26 février 2019 arrêtée par la CENA pour la clôture du dépôt des candidatures n’est pas de sa volonté, parce que c’est la loi qui prescrit un tel calendrier à partir de la date de convocation du corps électoral.
« Nous avons convoqué le corps électoral pour le 28 avril. La loi prescrit qu’avant le 28 avril, il y a 15 jours de campagne obligatoire. Avant le 1er jour de campagne, il y a 45 jours de délai de préparation des élections, délai qui commence à la date de clôture du dépôt des candidatures. Donc, tous les candidats doivent avoir fait les formalités de dépôt de candidature au minimum, 45 jours avant le premier jour de campagne. 45 plus 15, cela fait 60 jours. Donc, il faut au minimum 60 jours pour compter de la date de tenue des élections pour le dépôt des candidatures », détaille le président Talon.
« Si le Parlement avait fait les décomptes, il n’aurait pas donné six mois de mise à jour à partir de la date probable de promulgation de la loi qu’il a votée », fait observer le chef de l’Etat qui laisse entendre que c’est également une erreur de l’Assemblée nationale. En guise de réponse, Me Adrien Houngbédji, le président de l’Assemblée nationale, présent dans la salle, se défend : « Nous travaillons dans des conditions de célérité jamais vues dans un Parlement. Lorsque les textes arrivent, le temps qui nous est imparti est très court ». Tout comme il reconnaît qu’il peut effectivement avoir des erreurs dans lois de la République.
Du boycott des partis de l’opposition
Tous les partis politiques invités n’étaient pas présents à cette rencontre. Quatre ont boycotté cette rencontre qui intervient après celle du 26 février 2019 toujours entre le président et l’opposition. Sur la dizaine de partis politiques convoqués hier, seules six formations ont répondu à l’appel du président béninois : le Parti pour le renouveau démocratique (PRD, proche du pouvoir), l’Union progressiste (UP), le Bloc républicain (BR), les Forces cauris pour le développement du Bénin (FCDB, proche de l’opposition), Moelle-Bénin (mouvance au pouvoir) et l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (UDBN, proche du pouvoir).
« Certes, ma volonté n’est pas de forcer la main aux partis politiques pour aller aux élections. Mon souhait, c’est qu’en mon temps également, les élections soient de même nature, de même qualité, de même convivialité que ce que nous avons connu jusque-là », commente Patrice Talon.
Par Laurent Adjovi