En Algérie, trois ex-dirigeants de la Fédération de football soupçonnés de corruption
Publié le 3 juillet 2024 Lecture : 3 minutes.
L’utilisation opaque des fonds de la Fédération algérienne de football (FAF) est désormais dans le viseur de la justice. Après l’enquête menée par l’inspection générale du ministère des Finances et les services d’inspection de la présidence de la République, qui ont épluché le registre des transactions entre 2017 et 2023, une plainte a été déposée par la direction actuelle de la FAF auprès du parquet d’Alger.
Quatorze cadres de l’instance fédérale dont trois anciens présidents – qui sont, très probablement, Kheireddine Zetchi, Charafeddine Amara et Djahid Zefizef – ont déjà été entendus par la brigade de lutte contre le crime économique de la sureté de la wilaya d’Alger et sont poursuivis pour « conclusion de contrats en violation des dispositions légales et organisationnelles en vue de l’octroi d’indus privilèges à autrui et de bénéficier de privilèges à l’occasion de la conclusion de contrats avec l’État ou avec une structure ou entreprise qui lui est affilié ».
la suite après cette publicité
Le procureur du pôle économique et financier de la cour d’Alger a confirmé, lundi 1ᵉʳ juillet, qu’une enquête a bien été ouverte à la suite des informations relatives à des soupçons de corruption au niveau de la Fédération algérienne.
Il est indiqué dans le communiqué du ministère public que « conformément aux dispositions de l’article 11 du code de procédure pénale, le procureur de la République près de la Chambre nationale des infractions économiques et financières informe l’opinion publique que la brigade des crimes économiques et financiers de la sureté de la wilaya d’Alger a ouvert une enquête préliminaire, suite à des informations reçues sur des soupçons de corruption au niveau de la Fédération algérienne de football. L’enquête concerne l’implication d’un certain nombre de cadres dans la conclusion de contrats en violation de la procédure interne de conclusion de transaction dans le but d’accorder des privilèges injustifiées à des tiers ».
Des agissements qui ont entrainé, ajoute le parquet, « la dilapidation des deniers publics de la Fédération algérienne de football et du Trésor public », sans donner davantage de détails. Le parquet ne divulgue pas non plus les noms complets des accusés, se contentant de leurs initiales. Mais il y a peu de doutes sur le fait que celles-ci correspondent notamment aux anciens présidents de la FAF, Kheireddine Zetchi, Charafeddine Amara et Djahid Zefizef.
Des dépenses excessives et difficiles à justifier
Les investigations judiciaires concerneraient les primes dont a été gratifié l’encadrement technique après la victoire de l’Algérie à la Coupe d’Afrique des nations, en 2019 contre le Sénégal, ainsi que les dépenses jugées excessives liées à l’organisation la Coupe d’Afrique des moins de 17 ans. Les deux tournois ont, selon l’enquête préliminaire, été également entachés par les conclusions de contrats sans respect des normes d’usage.
la suite après cette publicité
La rétribution en euros des primes des joueurs locaux soulève, par ailleurs, la suspicion des enquêteurs. À cela s’ajoute l’utilisation systématique d’un hôtel privé pour héberger les membres du bureau fédéral lors de leurs séjours à Alger, alors que la fédération dispose d’un hôtel au centre technique national de Sidi Moussa, commune de la banlieue sud de la capitale.
Les enquêteurs ont aussi trouvé, dans le bilan financier de 2020, une dépense de près de 1 million de dinars (environ 6 900 euros) pour l’achat de cartes mémoires et 1 710 660 dinars (environ 12 000 euros) de dépenses de carburant. En 2021, 50 millions de dinars (près de 350 000 euros) ont été consacrés au renouvèlement du parc automobile de la FAF et 7 millions de dinars (environ 48 000 euros) à la prime du mouton de l’Aïd au profit de ses employés.
Ces largesses expliquent le cumul de déficit de près de 8 milliards de dinars (plus de 55 millions d’euros) révélé par Walid Sadi, président de la FAF depuis septembre 2023, lors de son discours d’ouverture de l’assemblée générale ordinaire tenue fin mai 2024, au cercle militaire de Beni Messous. « Nous avons hérité, à partir de septembre dernier, d’une situation financière catastrophique avec un déficit que nous n’imaginions pas », avait-il alors dénoncé, menaçant de porter cette affaire devant la justice.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com