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Algérie-France : l’influenceur Zazou Youssef condamné à 18 mois de prison pour provocation au « terrorisme »

Publié le 25 février 2025 Lecture : 3 minutes.

« Je vous donne le droit de tuer », « tirez même si ce sont des frères », « on va faire comme dans les années 1990, on va tirer sur vous, on va vous violer ». Ce sont les propos de Youcef A. tirés des extraits vidéo relayés sur X. L’influenceur algérien de 25 ans, aussi connu sous le nom d’emprunt de Zazou Youssef, a été condamné, lundi 24 février, à dix-huit mois de prison ferme par le tribunal de Brest, en France. Il était poursuivi pour « provocation directe à un acte de terrorisme » en raison de ses propos tenus sur TikTok.

La peine a été assortie d’une interdiction du territoire français pendant dix ans et d’un maintien en détention. À l’annonce de sa condamnation, Youcef A., victime d’un malaise, a dû être évacué par les pompiers. Camille Miansoni, procureur de la République près le tribunal judiciaire de Brest, avait requis deux ans de prison et une interdiction du territoire français de cinq ans. Selon le magistrat, « on ne peut pas accepter que des individus appellent à la violence la plus grave ». « Il n’y a pas d’ambiguïté lorsque le [prévenu] dit : “Mon frère, tuez-les !” »

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L’influenceur algérien encourait une peine maximale de sept ans de prison et de 100 000 euros d’amende. Depuis avril 2024, il est aussi sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Son avocat dénonce une vidéo « tronquée »

Je suis « très frustré » et « très en colère », a lancé l’avocat du prévenu, Me Nabil Boudi. Pour lui, Youcef A. « a été condamné sur la base d’une vidéo tronquée » par la justice française, à qui il a annoncé faire appel de sa décision. « Personne dans cette salle ne sait ce qu’il a dit, car nous n’avons pas l’intégralité de la vidéo », avait auparavant plaidé l’avocat. Les extraits en question étaient coupés « toutes les six ou sept secondes » a-t-il assuré. Un moyen selon lui de faire dire à son client « ce qu’il n’a pas dit ».

Mais selon la version du tribunal, dans une vidéo en arabe sous-titrée en français, l’influenceur avait appelé à la violence ses 400 000 abonnés, par exemple en les incitant à « utiliser les armes le 1er janvier ».

« Je suis pas un terroriste. Chez moi, on déteste les terroristes parce qu'[ils ont] tué ma famille », a répliqué Zazou Youssef, au bord des larmes devant le tribunal. À la barre, le prévenu assure n’avoir jamais voulu inciter à provoquer des attentats, mais s’être adressé directement à l’armée algérienne, après des appels sur le même réseau social à manifester contre les autorités en Algérie. « Beaucoup de gens disaient : “On change de gouvernement, on fait comme en Syrie” », a-t-il expliqué. L’influenceur a ensuite affirmé avoir eu peur qu’une nouvelle décennie noire ait lieu en Algérie à cause d’un changement de régime, avec pour conséquence « 250 000 personnes tuées » comme dans les années 1990.

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Pour Nabil Boudi, qui a plaidé la relaxe, il ne s’agit que d’une « querelle de Tiktokeurs » qui a mal tourné. Auparavant, Zazou Youssef ne publiait que des vidéos sur le monde du football.

Plusieurs influenceurs algériens poursuivis en France

Alors que les relations diplomatiques entre Paris et Alger sont dégradées et que les déclarations houleuses se multiplient des deux côtés, Youcef A. n’est pas le seul ressortissant algérien à être poursuivi en France pour ce type de propos sur les réseaux sociaux. Accusés d’avoir appelé à des actes violents dans des vidéos, deux autres Algériens, ainsi qu’une Franco-Algérienne, avaient été arrêtés en janvier, en même temps que Youcef A.

Parmi eux, l’influenceur Doualemn à Montpellier. Ce dernier avait fait la une des médias lors de la tentative avortée des autorités françaises de l’expulser vers l’Algérie en procédure d’urgence. Alger avait refusé de l’accueillir sur son territoire et l’avait alors renvoyé vers Paris. Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait à cette occasion déclaré : « L’Algérie cherche à humilier la France. »

Doualemn, de son vrai nom Boualem Naman, est toujours poursuivi pour « provocation non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit ». Le parquet a requis six mois de prison avec sursis contre lui, lundi 24 février.

(Avec AFP)

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Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com

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