Publié le 20 novembre 2024 Lecture : 3 minutes.
De nombreux musiciens africains se sont abreuvés à sa source, parmi lesquels Étienne Mbappé, Paco Séry, Michel Alibo, Richard Bona… Né en 1947, il a été jeune prodige de la batterie avec Les Bantous de la Capitale, à Kinshasa, au début des années 1960, après avoir quitté sa ville natale de Pointe-Noire. Puis adolescent déraciné, accueilli par une famille d’adoption à Douala, au Cameroun, où il a appris la guitare avec Tino Baroza (1930 – 1968).
Arrivé en France dans les années 1970, il a été bassiste pour des chanteurs tels que Graeme Allright, Maxime le Forestier et Michel Polnareff, compositeur jazz-rock pour le théâtre avec le groupe Spheroe, et alter ego de l’harmoniciste de blues américain Sugar Blue, avant de se consacrer à la composition et à la direction d’orchestre. Rido Bayonne aura eu mille et une vies. Avec son départ, les musiques africaines et le jazz ont perdu un monstre sacré.
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150 musiciens, 14 langues et six ans d’enregistrement
Avec Sugar Blue, le musicien tourne en Europe et aux États-Unis et publie l’album From Chicago to Paris, côtoie les géants, Dizzy Gillespie, Jaco Pastorius et même James Brown, qu’il accompagne lors d’une tournée européenne. Il décide alors de suivre ses élans de composition pour de grandes formations, auxquelles il consacrera le restant de sa carrière, en créant un orchestre de 18 musiciens. Ce qui ne l’éloigne pas des petits clubs de jazz parisiens, dont le Baiser Salé.
La ville du sud-ouest de la France dont sa famille porte le nom depuis plus de 300 ans, l’accueille en tant qu’invité d’honneur pendant une semaine et sa scène nationale produit en 1995 l’album Gueule de Black, enregistré en live durant la feria de Bayonne.
Il se consacre par la suite à l’écriture d’un répertoire monumental réunissant 150 musiciens et des textes en 14 langues. Son enregistrement lui prend pas moins de six ans : À Cœur et Âmes sort finalement en 2001. Invité par Jazz à Ouaga l’année suivante, il regroupe des jeunes talents au sein d’un nouveau big-band – c’est le JOB, Jazz Orchestra du Burkina. En 2005, il est l’invité du Fespam, festival panafricain à Brazzaville, où il crée un nouveau groupe avec des musiciens congolais. Après ces retours en Afrique, il sort en 2007 Douala Brazza, en hommage à ses deux pays d’adoption et d’origine, sur lequel apparait une centaine de musiciens. La même année, il fête son 60ᵉ anniversaire à Paris avec deux semaines de concerts.
« Ma musique et mes musiciens, c’est le seul patrimoine que je puisse avoir »
Le réalisateur angolais Dom Pedro lui consacre l’année suivante le documentaire Rido Bayonne, Born in Africa, qui lève le voile sur une personnalité relativement méconnue, exigeante, mais attachante et qui se consacre à la composition et à la scène. « On ne peut pas être autre chose que ce que l’on est et d’où l’on vient », déclarait-il dix ans plus tard lors d’une interview croisée avec le réalisateur. « Le Congo est présent dans ma vie. Mes idoles de jeunesse, Jean-Serge Essous, Nino Malapet, Kabasele, Tino Baroza sont toujours présents dans ma vie. Toute l’Afrique qui m’a initié à la musique et donné la chance d’être musicien, tous ceux qui sont liés à cette terre mère qui est la nôtre ne peuvent pas l’oublier comme ça. »
Dernier-né de sa discographie, Alliances, sort en 2019. Un double album où il met en lumière de nombreux chanteurs et musiciens. « Quand je parle de mes musiciens, c’est tout ce que j’ai, moi, je n’ai rien, pas d’enfant, pas de femme, pas de voiture… Ma musique et mes musiciens, c’est le seul patrimoine que je puisse avoir, ce sont eux qui m’aident à comprendre le sens de ma propre vie. » Lui qui pensait fêter ses 80 ans à Pointe-Noire avec un grand orchestre nous a finalement quittés trois ans plus tôt, le 17 novembre 2024. Adieu l’artiste.
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Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com